Extases, une belle autobiographie intime en BD

par 10 Sep 2018Conseil, Médias


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couverture de la bande dessinée "Extases" de Jean Louis Tripp

Oser (re) lire une autobiographie…

Alors je dois l’avouer, je suis le fruit d’une génération perdue. Tout à fait : une génération torturée par le devoir, l’obligation, de subir les confessions d’un Rousseau complaisant pour le Bac, beaucoup trop jeune. (C’était pas ma guerre.) Alors là, pour le coup, zéro extases.
Je ne comprenais pas (aujourd’hui non plus d’ailleurs), l’intérêt de forcer des centaines de milliers d’ados au voyeurisme. C’est presque un gros mot içi, j’en ai bien conscience. Mais voyez-vous, honnêtement, je l’ai vécu comme ça. Résultat: Impossible d’aller aux Charmettes, près de Chambéry en Savoie, même aujourd’hui.
Aussi, depuis, j’ai toujours été rétive à cet exercice de lecture d’autobiographies.

Et ce, jusqu’à « Extases », qui me réconcilie. En effet, ce récit graphique prenant le parti d’explorer l’intime, « la vie affective et sexuelle » d’un homme dénote complètement. Oui, j’ai vraiment eu l’impression en lisant cet ouvrage que l’auteur nous offrait une honnêteté totale et touchante. De plus, on sait tout de suite quel est le fil rouge : on ne se cache pas derrière un alibi, et au passage, on y trouve des perles.

Tous les aspects de la sexualité et de la relation

Ici l’auteur se propose de raconter de son point de vue tous les aspects de la sexualité et de la relation. Il nous propose un récit très incarné, loin des théories sur la sexualité et loin aussi de la BD érotique faite pour exciter le lectorat. Ainsi, on passe des représentations à la découverte, des fantasmes à l’expérience. Mais encore de la pure excitation sexuelle au sentiment amoureux, de l’expérience matérielle à l’expérience extatique.

J’ai beaucoup aimé cette fenêtre ouverte sur un point de vue singulier et masculin, dépeignant avec attention le matériel, le sentiment, l’émotion, la sensation, l’éther. Grâce au trait et au récit, on se retrouve plongé dans le corps mais aussi dans la tête du narrateur, avec ses questionnements, ses envies, ses croyances, ses peurs, ses joies. J’appuie sur le fait que ce soit un homme qui parle de son expérience car c’est, à ma connaissance assez rare. Et c’est fait de manière juste, en laissant autant sinon plus de place à se qui se passe dans sa tête et dans son cœur que dans son corps .

Ce livre est, je crois, assez extraordinaire, j’ai hâte d’en lire la suite et vous en conseille fortement la lecture. Après bien sûr, avoir acheté ce livre chez votre libraire préféré de proximité, ou utilisé votre fabuleuse bibliothèque de proximité (malgré les risques 😉 1Voir le travail de Jan Tytgat ) .

Du trivial à l’extase

Comme on peut le découvrir au fil des pages, tous les aspects sont fouillés, débattus, explorés. En effet, l’anatomie, la physiologie, la psychologie, les morales, l’expérience spirituelle et bien d’autres facettes encore. Tout au long de son ouvrage, Jean-louis Tripp se pose et nous pose des questions. Comment se construire socialement, intimement, érotiquement avec un discours biologique aseptisé? Comment la curiosité et la (gentille) transgression permettent l’accès à l’expérience du corps, au delà des planches anatomiques?

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Le château de Picomtal, dans les Hautes-Alpes, abrite dans le secret les confessions de Joachim Martin, menuisier, depuis 120 ans.

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« la fesse cachée de la ménagère », qui, sur deux pages faisait place à toute la diversité humaine en matière de jouir.

Le thème de l’ initiation

De l’enfant

Au début de l’œuvre on se laisse explorer, et se remémorer, en même temps que l’auteur. Ainsi on est témoin des expériences et des croyances de l’enfant, du jeune ado, de l’expérience de grandir dans une famille où le rapport au corps est naturel et joyeux. Et donc, dans le même temps, on se prend à rechercher nos propres fausses croyances de l’époque. Parfois même à faire des ponts entre le terreau culturel et politique dans lequel on a grandi et notre façon d’envisager la sexualité.

On grandit en explorant les idées, idéaux, les interrogations sur le corps que l’on a, celui qu’on aura.  Et surtout, comme l’indique le sous titre de ce tome 1 2« où l’auteur découvre que le sexe des filles n’a pas la forme d’un X… »: comment se représenter le corps des autres.

Au jeune adulte

Puis l’exploration se pose sur les émotions, la gestion de la jalousie, du désir, de l’addiction. Au fur et à mesure que Jean-louis grandit, son faune intérieur grandit aussi, comme chez nous tous. Faisant le pont entre son expérience individuelle et l’universel .

Il y a également une autre chose qui a retenue mon attention, un élément qui participe à l’intérêt du métier de sexologue. Quand on me demande « mais qu’est ce qui vous a amené à choisir cette profession? », je le répète à chaque fois : la sexualité est au cœur de la vie. Voir ce jeune homme choisir un cursus sur la base de sa vie amoureuse et sexuelle m’a instantanément rappelé cette prof qui m’avais confié avoir intégré l’université dans cette discipline à 19 ans, pour suivre les mêmes cours que le jeune homme dont elle était éprise. Combien de choix, combien de livres, combien de tableaux, d’œuvres musicales, faisons nous par désir, par amour ?

 

Je ne veux pas içi vous déflorer tout le livre

Non! Se laisser guider par l’auteur lui même est tellement joyeux, intéressant.

Partagez votre avis après lecture de cet opus de l’auteur du magasin général dans les commentaires.

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