La première Suisse de Acsexybility est l’un des évènements de l’édition 2024 du FIFDH (le Festival International de Film sur les Droits Humains) qui se tient chaque année à Genève.

La projection s’est suivie d’un panel co-organisé avec le Centre Maurice Chalumeau en sciences des sexualités de l’UNIGE:

Pour une sexualité inclusive et antivalidiste

C’est le titre choisi pour le panel qui a suivi la projection.

Les invité·e·s: Daniel Gonçalves, réalisateur d’Acsexybility, Elisa Rojas, avocate et militante antivalidiste, co-fondatrice du CLHEE (Collectif Lutte et Handicaps pour l’Egalité et l’Emancipation), Ella Glendining, cinéaste et réalisatrice (Is there anybody out there), et Elena Pont, maîtresse-assistante en sciences de l’éducation.

Animé de main de maître par le journaliste Malick Reinhart, encore une fois affûté et pertinent sur ces questions de validisme et de politique.

ce n’est pas sur le bio qu’il faut écrire bio… C’est sur la merde qu’il faut écrire merde

Concernant ce titre, au bout de la réflexion à ce sujet, comme le disait Elisa Rojas, le terme « inclusif » est aujourd’hui tellement galvaudé par son usage de politique politicienne qu’il a perdu son essence.

Et plus j’avance plus j’ai tendance à penser, comme je l’ai partagé à l’issue de ce panel que c’est comme pour la nourriture. Je crois que ce n’est pas sur le bio qu’il faut écrire bio… C’est sur la merde qu’il faut écrire merde.

Et donc, la sexualité devrait être inclusive et antivalidiste (et contre toute autre forme d’oppression) de base. C’est la sexualité véhiculée par le « validarcat » qui devrait être labélisée de sexualité excluante et validiste. Cette omniprésence des personnages valides aux corps normés ou normalisés dans le champ du désir et de la sexualité excitante dans les médias est un vrai problème de santé. Créant des fausses croyances chez les individus, où qu’iels se situent dans le spectre de la diversité fonctionnelle.

Plus que des Témoignages des personnes handicapées sur la sexualité

Vous le savez maintenant, la santé sexuelle et le validisme c’est mon axe de résistance, mon sujet d’étude et bien plus encore. Quand le sujet « sexualité et handicap » est aujourd’hui sur toutes les lèvres, c’est une invitation à penser cette question à l’endroit. Qu’est ce que les oppressions validistes font à nos sexualités (de valides comme d’handis).

Acsexybility : une ôde à la crip culture

Oh oui!
C’est queer, c’est crip à souhait et ça fait du bien.
Loin de la représentation des corps handis mis en scènes à partir des stéréotypes et du « valid gaze » (un peu comme le male-gaze mais en version validiste).
Les personnes sont là en tant que sujets, aimants, désirants, sexys et hot. Pas par fétichisation, mais juste pour la beauté et l’humanité universelle de cette experience de la sexualité.

Les expériences intersectionnelles en lumière

L’intersectionnalité vraiment en lumière car réellement décrite. Les personnes concernées font une vraie analyse structurelle de leur expérience. Parte de l’intime et le mettent en perspective pour montrer les rouages d’un système validiste, sexiste, raciste et mettant en place encore bien d’autres hiérarchies oppressives.

Ce ne sont pas des numéros, mais des humains en chair et en os. Et comme nous toustes, avec plein de facettes différentes, plein de prismes et d’angles par lesquels iels sont perçues.

Un film sur le Validisme et la sexualité

L’ancestralité handie comme leitmotiv d’Acsexybility

Ce sujet abordé à plusieur reprises dans le film m’a particulièrement touché.

Cela fait un fort écho au travail de Charlotte Puiseux, Chiara Kahn et Marianne Delvert : l’handithèque.

Dans cette question de la transmission handie, il y a cette notion d’ancestralité non biologique. De pouvoir transmettre les paroles de nos ancêtres handis et de pouvoir savoir, qu’iels se sont battu.e.s, ont résisté.e.s, ont été combattu.e.s, nié.e.s ont aimé.e.s, ont été aimé.e.s, ont jouis.
Que nous n’ayons pas à réinventer la poudre à chaque génération et que nous puissions avancer dans un monde de réelle liberté, équité et adelphité.